Anthologie critique du conte akan
EAN13
9782811113964
Éditeur
Karthala
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Anthologie critique du conte akan

Karthala

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art du contage remonte, chez les Akan de l’ancienne Gold Coast et du Ghana
actuel, à la période précoloniale. Les histoires d’Ananse l’Araignée
constituent un genre littéraire oral important qui vit probablement le jour
vers l’époque où se constituèrent, en ces terres forestières et aurifères du
golfe de Guinée, des matriclans et des royaumes. On retrouve déjà les traces
des récits mettant en scène le « Till l’Espiègle africain » dans le récit de
voyage du marchand danois L. F. Römer (1760). Au début du XIXe siècle, les
missionnaires bâlois (tels que J. Grauer, I. Adaye et I. Bellon), puis
l’anthropologue R. S. Rattray produisirent les premiers recueils bilingues de
« fables » ou « récits folkloriques ».
Le souvenir des tours malicieux du fabuleux semeur de troubles de leur pays
natal resta ancré dans l’esprit de ceux et celles qu’on emmena sur des navires
négriers vers le Nouveau Monde. Les Coromantee (esclaves originaires de la
Gold Coast) y réinventèrent la figure de ce grand Bouffon dont les actions
préfigurèrent symboliquement les mouvements de résistance des esclaves noirs
face aux maîtres blancs des plantations, comme en témoignent, en particulier,
les Jamaica Anansi Stories collectés par M. W. Beckwith (1924) parmi les
descendants des anciennes communautés marrons de la Jamaïque. Compé Anansi
participa, plus généralement, à la construction de la culture africaine
américaine.
Par un mouvement inverse, se manifesta sur le littoral de la Gold Coast
l’influence de la culture noire des Amériques que les marins venus de ces
contrées lointaines répandaient dans les grands ports. De nouveaux genres
littéraires populaires, théâtraux (le Concert Party et l’Anansegoro) ou
musicaux (le Highlife), virent alors le jour ; leurs créateurs s’inspirèrent
aussi en partie de l’Anansesem pour la production de spectacles qui
enthousiasmèrent les foules, avides de lutter pour l’indépendance du Ghana
vers laquelle les conduisait K. Nkrumah, le Panafricain, mais aussi rapidement
assoiffés de justice sociale au sein d’une jeune Nation ghanéenne où les uns
étaient regrettablement « mieux assis » que les autres.

Christiane Owusu-Sarpong est ethnolinguiste et elle a enseigné durant 25 ans à
l’Université de Kumasi, au Ghana. Elle a publié divers travaux sur les arts,
la littérature orale et l’histoire des Akan du Ghana. Elle a traduit en
français la série Women Writing Africa (Des femmes écrivent l’Afrique),
Feminist Press de New York et les éditions Karthala.
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