Le Festin de l'aube

Otsiemi Janis

Jigal

  • Conseillé par
    16 avril 2018

    Après de bons polars chez Jigal dont La bouche qui mange ne parle pas et Les voleurs de sexe, et un moins bon chez Plon Tu ne perds rien pour attendre, Janis Otsiemi revient en très grande forme pour cet opus. Ces deux flics, Kouba et Owoula rencontrent ces deux gendarmes, Boukinda et Envame pour tenter de tirer au clair plusieurs affaires a priori sans lien et qui, bien sûr, en auront un. Mené tambour battant et sans temps mort, ce polar se suit avec attention et beaucoup d'intérêt. D'abord parce que les intrigues sont crédibles et tiennent le lecteur jusqu'au bout sans aucune once d'ennui. Ensuite, parce que le contexte du Gabon, en attente des élections présidentielles avec des candidats controversés dont l'actuel président, fils de l'ancien -qui a tenu plusieurs décennies- qui se représente malgré des doutes et protestations sur la validité de sa candidature est très présent et fournit la couleur du livre. Et enfin, parce que l'écriture de Janis Otsiemi est particulièrement vivante et donne un rythme soutenu et énergique.

    Janis Otsiemi écrit des polars qui sont bien plus que cela. Ils parlent de son pays, de la pauvreté, de la corruption, de la politique, de la société gabonaise. C'est du noir sociétal permet d'apprendre sur le Gabon, sur les gabonais. J'aime beaucoup ça dans les polars quand ils m'offrent plus qu'une simple énigme à résoudre. C'est la raison pour laquelle, par exemple, j'aime beaucoup Henning Mankell qui a décrit son pays et ses mœurs à travers son héros Kurt Wallander et bien d'autres auteurs aussi, mais c'est le nom qui me vient à l'esprit présentement. La plume de Janis Otsiemi est plus fantasque que celle du Suédois, plus imagée, décalée, argotique. Elle est un vrai plus, un ravissement supplémentaire que l'on déguste au fil des pages.

    Très bon retour de Janis Otsiemi dans le giron Jigal polar.