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    20 octobre 2013

    Lou, Ric et Phil, une fille, deux garçons, une fratrie qui grandit en France dans les années 60 avec un papa qui rêve d'Amérique. Les valises sont déjà prêtes, solides, métallisées, aux couleurs de la DS paternelle. Mais c'est loin l'Amérique, alors en attendant, la famille se gave de westerns, va jouer au cow-boys et au indiens à Ermenonville et regarde les avions s'envoler à Orly.
    Adultes, ils sont tous les trois artistes et ont réalisé chacun à sa façon leur rêve américain...


    La preuve qu'une quatrième de couverture alléchante et un sujet attrayant ne font pas un bon livre. Si la première partie peut éventuellement raviver la nostalgie des lecteurs qui ont connu la DS, la télé en noir et blanc et l'arrivée dans les ménages des premiers échantillons gratuits qui induiront la société de consommation, on est pourtant très vite effrayé par les termes mécaniques, l'accumulation de marques citées et le style elliptique de l'auteure. Alors même si les souvenirs de Lou restituent très bien l'époque et qu'on peut prendre plaisir à se replonger dans ce passé, tout se gâte dans la seconde partie quand les garçons prennent la parole. Le propos devient alors incompréhensible pour le profane qui n'est pas versé dans la question indienne. En effet, Phil, désormais photographe, est parti au Canada et aux Etats-unis sur la trace des premiers habitants. Un exemple de la prose verbeuse et, sans doute érudite, de Valérie TRODJMAN : "L'artiste contemporain, dont la démarche ne relevait pas du folklore, ni de l'ethnomuséographie ni de la génétique, pouvait-il désoeuvrer l'Indianité -l'indianness ethnocentriste des non-indiens et l'indianity héritée du panindianisme- pour questionner l'identité tout court ? Mais pourquoi désoeuvrer l'Indianité ? Etait-ce seulement possible à partir du moment où la question était posée ? Et ainsi de suite, jusqu'à l'obsolescence même du questionnement ?" Et le reste est à l'avenant, avec en plus un délire onirique, ou pas, de Ric lors d'un célèbre festival dans le désert américain. Difficile ensuite de rester concentrer et de s'intéresser au récit. On s'égare, on se lasse, on suit difficilement les élucubrations des héros de l'histoire. Grosse déception donc pour un livre qui avait de nombreux atouts -à commencer par son titre à rallonge !- mais qui ne tient pas ses promesses.